Fiche thématique
4 min de lecture
15 octobre 2024
Les créanciers des salariés peuvent obtenir paiement de leur créance en se faisant verser par l'employeur les rémunérations dues. Toutefois, compte tenu de son caractère alimentaire, le salaire est protégé à double titre des saisies des créanciers ou des cessions à ceux-ci : une partie du salaire est incessible et insaisissable et une procédure spéciale doit être suivie.

Sommaire

Définitions

La saisie sur rémunération est le versement du salaire au créancier du salarié sans le consentement de ce dernier.

La cession de rémunération est le versement du salaire au créancier intervenant dans le cadre d'un accord entre le salarié et son créancier.

Détermination de la quotité saisissable ou cessible des rémunérations

Sommes concernées

Les rémunérations concernées sont les rémunérations versées à toute personne salariée ou travaillant, à quelque titre de ce soit, pour un ou plusieurs employeurs, quels que soient le montant et la nature de sa rémunération, la forme et la nature de son contrat (C. trav. art. L 3252-1).

Sont ainsi cessibles ou saisissables en partie : la rémunération de base, ses accessoires et les avantages en nature, après déduction des cotisations et contributions sociales obligatoires et du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu (C. trav. art. L 3252-3). Il en est de même des pourboires centralisés par l'employeur, de l'indemnité de congés payés, de l'indemnité compensatrice de congés payés, de l'indemnité de non-concurrence ou de l'indemnité de fin de CDD. Par ailleurs, lorsqu'un salarié perçoit plusieurs rémunérations d'employeurs différents, la fraction cessible ou saisissable est calculée sur l'ensemble des rémunérations (C. trav. L 3252-4).

Les sommes incessibles ou insaisissables sont notamment : les indemnités insaisissables (dont les indemnités de licenciement, lesquelles réparent un préjudice), les remboursements de frais professionnels et les allocations ou indemnités pour charge de famille (C. trav. art. L 3252-3).

Barème à appliquer

Un décret fixe un barème progressif permettant de déterminer la fraction de revenu saisissable ou cessible par tranche de rémunération. Ce barème est en principe mis à jour tous les ans (C. trav. R 3252-2).

Nous vous proposons ci-dessous un tableau par tranche de rémunération mensuelle, applicable depuis le 1er janvier 2024 :

Tranche de rémunération mensuelle

Quotité cessible ou saisissable par tranche

De 0 € à 364,17 €

1/20e

De 364,18 € à 710,00 €

1/10e

De 710,01 € à 1 057,50 €

1/5e

De 1 057,51 € à 1 401,67 €

1/4

De 1 401,68 € à 1 747,50 €

1/3

De 1 747,51 € à 2 100,00 €

2/3

À partir de 2 100,01 €

la totalité

Les seuils sont augmentés d'un certain montant par personne à charge, également fixé annuellement par décret. Depuis le 1er janvier 2024,ce montant s'élève à 1 690 € par an par personne à charge (140,83 € par mois) (C. trav. R 3252-3).

Par exception, les pensions alimentaires peuvent être prélevées sur l'intégralité de la rémunération (C. trav. L 3252-5).

Enfin, en toutes hypothèses, la somme laissée à disposition du salarié doit être au moins égale au montant du RSA fixé pour un foyer d'une seule personne (C. trav. L 3252-3 L 3252-5).

Exemple

Pour un salarié sans personne à charge, dont la rémunération nette mensuelle s'élève à 1 800 € après déduction du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu, le montant du salaire mensuel cessible ou saisissable s'élève à 358,59 €.

Tranche de rémunération mensuelle

Fraction saisissable ou cessible

Montant de la fraction saisissable ou cessible sur chaque tranche

Jusqu'à 364,17 €

1/20e

18,21 €

De 364,18 € à 710,00 €

1/10e

34,58 €

De 710,01 € à 1 057,50 €

1/5e

69,50 €

De 1 057,51 € à 1 401,67 €

1/4

86,04 €

De 1 401,68 € à 1 747,50 €

1/3

115,27 €

De 1 747,51 € à 1 800,00€

2/3

34,99 €

Montant du salaire mensuel saisissable ou cessible

358,59 €

Procédures de saisie et de cession des rémunérations

La saisie ou la cession sur salaire fait l'objet de procédures spécifiques.

Attention

La retenue sur salaire doit dans tous les cas être mentionnée sur le bulletin de paie (C. trav. R 3243-1).

Procédure de cession

La procédure de cession se déroule de la manière suivante (C. trav. R 3252-45 s.) :

  1. Déclaration du salarié au greffe ;
  2. Notification de la cession à l'employeur par le greffe à la demande du cessionnaire ;
  3. Versement par l'employeur des sommes cédées dans la limite de la fraction saisissable directement au cessionnaire.

Procédure de saisie

Le créancier doit tout d'abord être muni d'un titre exécutoire constatant une créance chiffrée, non contestée et arrivée à échéance.

À compter d'une date fixée par décret, et au plus tard le 1er juillet 2025, la procédure de saisie sera confiée aux commissaires de justice. Jusqu'à cette date, elle se déroule de la manière suivante (C. trav. R 3252-12 s.) :

  1. Requête du créancier auprès du greffe ;
  2. Tentative de conciliation entre les parties ;
  3. Notification de l'acte de saisie à l'employeur ;
  4. Déclaration de l'employeur au greffe dans les 15 jours, mentionnant la nature du contrat le liant au débiteur (CDD, CDI) ainsi que les autres saisies ou cessions, saisies administratives à tiers détenteur ou paiements directs de pensions alimentaires éventuellement en cours ;
  5. Envoi par l'employeur de la fraction saisissable du salaire par chèque ou virement au greffe.

Attention

L'employeur doit être particulièrement vigilant. En effet :

  • s'il oublie de verser les sommes saisies au greffe il peut être déclaré personnellement débiteur de ces sommes (C. trav. L 3252-10).
  • il doit informer le greffe dans les 8 jours de tout événement qui suspend ou met fin à la saisie (C. trav. R 3252-26).

Concours de procédures

Si une saisie est en cours :

  • un créancier muni d'un titre exécutoire peut intervenir à la procédure en cours afin de participer à la répartition des sommes saisies (C. trav. R 3252-30);
  • la notification à l'employeur d'une saisie administrative à tiers détenteur suspend la saisie jusqu'à l'extinction de l'obligation du redevable ( C. trav. R 3252-37) ;
  • les procédures de paiement direct des créances alimentaires restent prioritaires sur toutes autres C. trav. R 3252-37.

Si une saisie intervient alors qu'une cession est en cours, les sommes ne doivent plus être versées directement au créancier, mais au régisseur du tribunal (C. trav. R 3252-48).

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Questions fréquemment posées

Un créancier peut-il saisir la totalité de la rémunération d’un salarié ?

Non. Un décret, en principe publié chaque année au mois de décembre, fixe un barème progressif permettant de déterminer la fraction de revenu saisissable ou cessible par tranche de rémunération. Ce barème est corrigé en fonction du nombre de personnes à la charge du salarié. Par exception, les pensions alimentaires peuvent être prélevées sur l'intégralité de la rémunération.

Dans tous les cas, une somme au moins égale au montant du RSA doit être laissée à disposition du salarié.

Sur quels éléments de rémunération la saisie ou cession de salaire peut-elle s’opérer ?

Sont cessibles ou saisissables en partie la rémunération de base, ses accessoires et les avantages en nature, après déduction des cotisations et contributions sociales obligatoires et du prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu. Il en est de même des pourboires centralisés par l'employeur, de l'indemnité de congés payés, de l'indemnité compensatrice de congés payés, de l'indemnité de non-concurrence ou de l'indemnité de fin de CDD. En revanche les indemnités insaisissables (telles que les indemnités de licenciement), les remboursements de frais professionnels et les allocations ou indemnités pour charge de famille sont incessibles ou insaisissables.

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