La World Benchmarking Alliance (WBA), une organisation internationale, alerte sur le manque de vigilance des 2 000 plus grandes entreprises mondiales (le « SDG2000 » qui emploie directement 95 millions de personnes et génère 45 % du PIB mondial) en matière de droits humains. Elle a publié, le 2 juillet 2024, un rapport révélant un retard « alarmant » sur les questions de droits humains, de travail décent et de conduite éthique (comme le lobbying ou le rapport à la fiscalité des entreprises, par exemple). Alors que la directive européenne sur le devoir de vigilance (CSDDD), adoptée en mai dernier, entrera en application en 2027, certaines de ces entreprises, notamment celles de l'UE, devront se conformer à des normes strictes concernant les droits humains et environnementaux.
L'analyse de la WBA montre que 80 % des entreprises obtiennent un score de « 0 » dans la réalisation de la phase initiale du devoir de vigilance : identifier, analyser et prendre des actions quant aux risques et aux impacts générés en matière de droits humains. Et 90 % n'ont pas atteint la moitié des « attentes sociétales fondamentales » à l’égard des droits humains, du travail décent et de leur conduite éthique. Le rapport met en lumière un décalage significatif entre les déclarations des entreprises et leurs pratiques réelles. Par exemple, bien que de nombreuses entreprises communiquent sur leurs politiques de "salaires décents", très peu les appliquent réellement. De plus, presque toutes les entreprises (98 %) ne divulguent pas l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes dans tous les pays où elles opèrent.
Richard Gardiner, directeur des politiques européennes à la WBA, souligne la nécessité pour les entreprises européennes d'améliorer leurs scores afin de répondre aux exigences de la CSDDD. Il appelle les institutions européennes à établir des lignes directrices claires pour aider les entreprises à se conformer à ces nouvelles obligations.
Le rapport est établi sur la base de 18 indicateurs reflétant les « attentes sociétales fondamentales » sur 12 thèmes regroupés sous l'appellation « droits humains, du travail décent et conduite éthique ». Ils ont été mis en place par la WBA qui analyse les scores des 2000 entreprises visées au sein de son panel sur la base de ces indicateurs (analyses réalisées entre 2021 et 2023).