Actualité
3 min de lecture
5 juillet 2023
« Compétitivité », « attractivité »… Les impacts positifs d'une démarche RSE sont nombreux pour l'entreprise, à condition qu'elle soit sincère. Retour sur les enseignements tirés du colloque organisé le 22 juin par le cabinet Altares D&B, où étaient conviés plusieurs experts de la RSE.

Quels sont les avantages à entamer une démarche RSE ? L'évaluation RSE permet-elle de faire progresser la conformité ? Telles sont les questions auxquelles ont tenté de répondre le 22 juin dernier, lors d’un colloque organisé par le cabinet Altares D&B, plusieurs acteurs de la RSE : responsables RSE de grands groupes, avocats spécialisés en compliance, dirigeants d’ONG et représentants d'un cabinet de certification des performances RSE.

Redynamiser les relations commerciales 

« Intégrer des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la stratégie de l’entreprise », et mettre en place « une stratégie commune avec les partenaires et les clients », cela permet de « redynamiser les relations commerciales », avance tout d’abord Lucie Lemonnier, associée en charge des évaluations RSE au sein du cabinet Positive Company. Fondé en 2019, le cabinet accompagne les entreprises dans la définition de leur stratégie RSE et récompense les « meilleurs élèves » par la délivrance d’un certificat de labellisation après avoir réalisé un audit documentaire et envoyé des questionnaires anonymes aux parties prenantes (salariés, clients, fournisseurs, partenaires, actionnaires, etc.). A titre d’illustration, Lucie Lemonnier explique que dans le cadre de la labellisation de la société Electro Dépôt, un plan d’action Climat a été coconstruit avec « 60 personnes représentatives des parties prenantes (fournisseurs, prestataires, collaborateurs, clients, ONG) ».

Autre exemple d’entreprise certifiée par le cabinet, celui de La Redoute, qui a invité ses partenaires à s’orienter vers une amélioration de leurs propres pratiques. Résultat : « 58 % des fournisseurs ont pris des engagements visant à réduire ou éliminer les emballages » et « 25 % ont mis en place des objectifs de réduction de leur empreinte carbone ».

70 % des contrats renouvelés avec une clause RSE

Pour Béatrice Chevalier, responsable conformité au sein du groupe Eiffage, l’avantage de s’engager dans une démarche RSE permet évidemment de diffuser l’image d’une société « vertueuse », un critère désormais très recherché « par les jeunes aujourd’hui ». Dans le secteur immobilier, cela consiste notamment à construire des bâtiments « bas-carbone ». Et si la difficulté liée à la superposition des textes dans le domaine de la RSE est une crainte pour la responsable conformité, celle-ci essaye « d’anticiper les nouvelles exigences ». Parmi les bonnes pratiques mises en place par le groupe, une formation « climat » a notamment été déployée auprès des collaborateurs et devrait bientôt « redescendre auprès des parties prenantes ».

Des engagements sont également demandés aux fournisseurs « qui doivent fournir des preuves de leur comportement ». Il leur est ainsi demandé « de signer une clause spécifique. L’an dernier, 70 % de nos contrats ont été renouvelés avec une clause RSE », se félicite Béatrice Chevalier. 

Lier les enjeux portés par la RSE et la compliance

La RSE, c’est aussi un « gage de compétitivité sur le marché », estime Maxie Laube, secrétaire générale chez Union Investment Real Estate France, bureau parisien d’un groupe allemand dont le but est « d’atteindre d’ici 2050 une neutralité carbone pour tous ses actifs ».

« Aujourd’hui, on ne peut pas se permettre de ne pas s’engager dans une démarche RSE, surtout dans le secteur financier » poursuit la dirigeante. « On en a fait une stratégie groupe, alors même que nous ne sommes pas assujettis à toute la réglementation extra-financière. Toutes nos acquisitions sont regardées sous le prisme de la Taxonomie et de la Carbon Risk Real Estate Monitor », illustre-t-elle.

« Nous savons que la superposition des dispositifs et des textes réglementaires est difficile pour les entreprises, reconnaît Laurence Fabre, présidente de l'ONG Transparency International. Nous ne devons plus travailler en silo mais au contraire lier l’ensemble des enjeux portés par la RSE et la compliance ».

Mettre du sens dans ses process

« Environnement, droits humains, conflits »… Autant de défis « auxquels il nous faut faire face », alerte la responsable d’ONG. Attention, nuance Laurence Fabre, « l’engagement de l’entreprise, ce n’est pas la compliance ».

En conclusion de son plaidoyer, elle interpelle les dirigeants d’entreprises et responsables de la RSE. « C’est quoi, pour l’entreprise, être engagé dans la RSE ou la lutte anticorruption ?  Est-ce qu’on est sincère dans la démarche ou pas ? Si on ne met pas du sens dans ses process, personne ne comprendra pourquoi on réalise ces reporting ! ». Et cela passe par « l’engagement du top management. Les compliance officers, les directeurs de la conformité et de la RSE doivent avoir l’oreille du top management, sinon ils peineront à en faire un sujet prioritaire dans l’organisation ». 

A bon entendeur...

ESG & CSRD | Entreprise durable : comment atteindre ses objectifs ?

Retrouvez toutes les informations essentielles en lien avec l’ESG et la CSRD ! Lefebvre Dalloz vous offre ce dossier spécial afin de vous aider à savoir comment atteindre vos objectifs en matière de durabilité.