Actualité
3 min de lecture
22 septembre 2023
L'absence de signature apposée par le client d'un expert-comptable dans la case des conditions générales d'intervention du professionnel, prévue à cet effet, ne suffit pas à rendre ces conditions générales inopposables.
Des conditions générales jugées opposables en l'absence de signature dans la case prévue à cet effet
©Gettyimages

Une société confie une mission à un cabinet d'expertise comptable et signe à cet effet la lettre de mission, mais pas les conditions générales d'intervention qui y étaient annexées. Elle agit ensuite en responsabilité contre l'expert-comptable, qui lui oppose l'irrecevabilité de son action faute d'avoir respecté la clause des conditions générales prévoyant un délai de forclusion de trois mois suivant la découverte du sinistre pour toute demande de dommages et intérêts. 

La cliente soutient alors que cette clause lui est inopposable ; elle fait valoir que les conditions générales, déterminées à l'avance par le cabinet d'expertise comptable, comprenaient un emplacement spécial destiné à accueillir la signature de l'adhérent, de sorte que cette clause subordonnait expressément l'acceptation des conditions générales par l'adhérent à la réalisation de cette formalité, absente en l'espèce.

Jugé au contraire que les conditions générales étaient opposables à la cliente (Cass. com. 21-6-2023 n° 21-21.635 F-D) : la lettre de mission comportait quatre pages recto verso et, si la quatrième page, concernant les conditions générales d'intervention, comportait une case « Bon pour accord, Lu et approuvé, Signature, Date », non remplie par la cliente, celle-ci avait apposé sa signature sur la troisième page sous la mention « Bon pour accord des conditions particulières définies ci-dessus et des conditions générales au verso ». L'apposition par elle de sa signature au recto sous la mention expresse du renvoi aux conditions générales d'intervention figurant au verso de la même page emportait ainsi approbation de ces conditions générales, sans nécessité d'une autre signature au bas de celles-ci.

A noter :

Les conditions générales invoquées par une partie n’ont d’effet à l’égard de l’autre que si elles ont été portées à la connaissance de celle-ci et si elle les a acceptées (C. civ. art. 1119 issu de ord. 2016-131 du 10-2-2016 ; auparavant, Cass. com. 28-4-1998 n° 95-20.290 D : RJDA 8-9/98 n° 938).

Cette connaissance et cette acceptation des conditions générales entre professionnels sont essentiellement déduites du fait que l’autre partie a signé un document y faisant expressément référence (Cass. 1e civ. 16-2-1999 n° 96-19.469 P : RJDA 4/99 n° 499 ; Cass. 1e civ. 27-2-2013 n° 11-23.520 F-D : BRDA 6/13 inf. 14 ; Cass. 1e civ. 13-2-2019 n° 18-11.609 F-D : RJDA 8-9/19 n° 597). L'arrêt commenté rendu à propos d'une clause prévoyant un délai de forclusion pour agir en responsabilité, insérée dans les conditions générales d'intervention d'un expert-comptable, se situe dans le droit-fil de cette jurisprudence. 

En l'espèce, la cliente du professionnel avait soutenu que l'existence d'une zone expressément dédiée à la signature des conditions générales imposait une formalité particulière en ce qui concerne l'acceptation de celles-ci mais la Haute Juridiction a refusé de s'engager dans cette voie. 

Documents et liens associés :

Cass. com. 21-6-2023 n° 21-21.635 F-D 

Retrouvez toute l'actualité en matière de droit des sociétés, droit commercial et de la concurrence dans Navis Droit des Affaires !

Vous êtes abonné ? Accédez à votre Navis Droit des affaires à distance 

Pas encore abonné ? Nous vous offrons un accès au fonds documentaire Navis Droit des Affaires pendant 10 jours.

ChatGPT, révolution ou gadget technologique sans intérêt ?

Retrouvez dans cet article l'analyse de 2 spécialistes, Guillaume Jagerschmidt, avocat en droit des nouvelles technologies et Zacharie Laïk. avocat au barreau de New York, sur l’impact de l’utilisation de ChatGPT pour le métier des avocats en 2 points : pour une utilisation raisonnée de ChatGPT et faire monter les exigences et les compétences des juristes

Aller plus loin
ELnet DROIT DES AFFAIRES
Des réponses opérationnelles en droit des sociétés et des dirigeants ; droit commercial ; droit de la concurrence, de la consommation et de la distribution ; droit de la propriété intellectuelle et industrielle.
à partir de 1873.71€ HT/mois
ELnet DROIT DES AFFAIRES