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9 janvier 2025
Une étude analyse l'intérêt et les limites des méthodes d'évaluation utilisées.

Article issu du Code permanent Environnement et nuisances

En France, l’évaluation monétaire de la nature suscite un intérêt marqué depuis la parution du rapport Chevassusau-Louis en 2009. Mais elle soulève également des questions légitimes, notamment en matière de méthodes et d’utilité pour les décisions publiques comme privées. Une note de France Stratégie établit un état des lieux de la question et émet des recommandations pour améliorer cette évaluation. 

Hétérogénéité et limites des évaluations monétaires de la nature 

Les valeurs associées à la biodiversité sont diverses, tout comme les méthodes permettant de les estimer. Selon que l’on retienne les estimations de l’Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (Efese) ou de la Commission européenne, la valeur monétaire associée à huit services écosystémiques en France se situe entre 18 et 49 milliards d’euros par an, soit 0,6 % à 1,8 % du PIB. Ces estimations ne peuvent cependant être interprétées comme la valeur de la nature en France. 

Il ne s’agit en effet que de l’agrégation de valeurs associées à un nombre limité de services écosystémiques, comme le service de récréation dans la nature (entre 5,8 et 29 milliards d’euros par an), ou la contribution de la pollinisation à la production agricole (entre 0,5 et 3,8 milliards d’euros par an). De plus, elles ne tiennent pas compte des valeurs de non-usage associées à la nature : l’évaluation du service de pollinisation ne prend ainsi pas en compte la contribution des pollinisateurs à la stabilité et au fonctionnement des écosystèmes. Enfin, dans la plupart des cas, il s’agit d’une approche anthropocentrée des rapports à la nature, avec une valeur analysée du seul point de vue des préférences des humains. Par conséquent, ces données ne permettraient pas de décrire de façon satisfaisante la contribution de la nature à la richesse nationale au sein des comptes de l’environnement. 

Plus largement, ces évaluations ne permettent pas de décrire de façon satisfaisante la contribution de la nature à la richesse nationale au sein des comptes de l'environnement. En outre, elles ne peuvent se substituer à des processus délibératifs légitimes et représentatifs, avec les parties prenantes concernées, afin de prendre en compte l’ensemble des perspectives et valeurs relatives à la biodiversité, et aussi de renforcer l’acceptabilité des décisions. 

Intérêt de l'évaluation monétaire des écosystèmes 

Les évaluations monétaires sont utiles pour éclairer des processus de décision relatifs à la gestion de la biodiversité. 

Les valeurs marginales de services écosystémiques, souvent exprimées en euros par hectare, peuvent servir de valeurs de référence pour l’évaluation socioéconomique de projets d’investissement. Par exemple, la valeur de référence du service de séquestration de carbone est en moyenne de 240 000 euros par hectare dans les zones humides, de 175 000 €/ha dans les mangroves, de 100 000 €/ha pour les écosystèmes forestiers et de 30 000 €/ha pour les écosystèmes agricoles, les écosystèmes urbains - incluant les espaces verts - présentant les valeurs de référence les plus basses. De telles valeurs de référence pourraient être développées pour de nombreux autres services écosystémiques (usages récréatifs, purification de l’eau, etc.). L’évaluation monétaire peut ainsi éclairer des décisions publiques ou privées ayant un impact sur l’état des écosystèmes et des services écosystémiques. Les limites méthodologiques de ces évaluations nécessitent de les compléter par des approches non monétaires, et plus généralement par des processus délibératifs, afin de prendre en compte l’ensemble des valeurs relatives à la biodiversité mais aussi de renforcer l’acceptabilité des décisions. 

Propositions d'amélioration 

La plupart des évaluations se concentrent sur une partie seulement des valeurs associées à la nature, principalement des valeurs d’usage. C’est tout particulièrement le cas des évaluations monétaires de la nature, qui se concentrent sur l’évaluation des variations de bien-être associées à certains services écosystémiques bénéficiant directement aux activités humaines. 

Une approche complémentaire propose de privilégier l’évaluation des coûts de renaturation ou de maintenance permettant d’atteindre les objectifs de bon état écologique des écosystèmes. Se pose alors la question de la manière de fixer ces objectifs et de leur acceptabilité sociale. Une piste prometteuse consiste en particulier à exploiter l’objectif « Zéro artificialisation nette » qui permet de déduire, via le coût associé au respect de cette contrainte, une valeur associée à la non-artificialisation.

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