Une étude du cabinet Asteres commanditée par l'Union nationale des entreprises des paysages souligne les bienfaits sanitaires et environnementaux des espaces verts urbains en France. Cette étude adopte une approche unique en économie en proposant une première évaluation du volume et de la valeur des services sanitaires et environnementaux rendus par les espaces verts, qui englobent toutes les surfaces et éléments naturels en milieu urbain, publics et privés, à l’exception des points d’eau. Au-delà de l’intérêt pour l’analyse de l’impact des espaces verts, cette étude fournit un premier cadre pour analyser les effets sanitaires et environnementaux conjointement, qui pourrait être ensuite appliqué à de nombreux secteurs d’activité, sortant l’économie de son isolement en offrant une vision élargie de la valeur créée (ou détruite) par les activités humaines.
Quelques chiffres sur les espaces verts en France
L'infographie publiée en accompagnement du rapport donne quelques chiffres sur les espaces verts en France pour 2023 :- la part de la surface urbaine française couverte par des espaces verts est de 34 % en 2023, contre 44% en Europe en moyenne ;- la part de la surface urbaine française couverte par des arbres est de 27 % ;- la surface moyenne d’espaces verts par habitant dans les zones urbaines françaises est de 96 m² ;- le potentiel de hausse totale des espaces verts urbains, selon un scénario d'Asteres serait de + 14 %. Pour son rapport, Asterès a étudié 72 zones urbaines en France, englobant 26 millions d’habitants.
Résultats en volume des services rendus par les espaces verts
Services rendus sur le plan sanitaire
Asterès estime que les espaces verts ont évité en 2023 le traitement de plus de 275 000 pathologies chroniques et problèmes de santé mentale ainsi que plus de 22 000 décès. L’impact sur les cas de diabète de type 2 représente 6 % de la prévalence chez les séniors, l’impact sur les prescriptions d’anti-dépresseurs 8 % des traitements chez la même classe d’âge, et l’impact sur la mortalité 3 % des décès en 2023. L’impact sur les autres pathologies chroniques est plus mesuré. Asterès estime que plus de 22 000 pathologies chroniques et troubles mentaux et plus de 2 000 décès supplémentaires pourraient être évités dans un scénario de progrès des villes les moins vertueuses. Notons que certains effets avérés des espaces verts n’ont pu être pris en compte faute de méthode, notamment les effets sur la durée du sommeil, le risque de TDAH ou encore le poids des nouveau-nés.
Services rendus sur le plan environnemental
Asterès estime que les espaces verts stockaient en 2023, 20 Mt de CO2. Ils ont absorbé 11 000 tonnes de polluants, évitant 1 500 cas d’asthme, et abaissé la température locale de 1,4°C en moyenne en été, évitant plus de 800 visites à l’hôpital en période de vague de chaleur. Le volume de CO2 stocké par les arbres urbains équivaut à 3 % des émissions absorbées par les forêts françaises sur 25 ans, en maintenant la performance des forêts actuelles constante. Les arbres ont également absorbé 2,0 % des émissions PM10, 0,6% des émissions de NO2, et moins de 0,5% des émissions pour les autres polluants. Asterès estime que 3 Mt de CO2 supplémentaires pourraient être stockées, 1 700 t de polluants supplémentaires pourraient être absorbés et que la température locale pourrait être abaissée de 0,2°C supplémentaire en été, dans un scénario de progrès des villes les moins vertueuses.
Remarque : certains effets n’ont pu être pris en compte faute de méthode ou donnée, notamment les effets de la qualité de l’air sur d’autres pathologies chroniques que l’asthme, ou encore les effets de la température locale la consommation d’énergie, la productivité ou le retrait-gonflement des argiles.
Résultats en valeur
Asterès estime que les espaces verts ont créé au moins 2,3 Mds€ de valeur en 2023 et pourraient en créer 310 M€ supplémentaire dans le scénario d’amélioration. Dans le détail, la valeur créée par les effets sanitaires s’élève à 525 M€ en 2023 et pourrait augmenter de 45 M€ si les villes les moins vertueuses s’alignaient sur la moyenne à taille et population égale, et la valeur créée par les effets environnementaux s’élève à 1 800 M€ et pourrait augmenter de 270 M€ dans le scénario d’amélioration.
Remarque : pour des dépenses publiques et privées dans les espaces verts estimées à 3,3 Mds€ en 2023, cela signifie que chaque euro d’activité dans les espaces verts génère 0,7€ supplémentaire de valeur sanitaire et environnementale pour la collectivité.
En intégrant l’activité directe générée par les entreprises du paysage et des végétaux, l’empreinte économique totale des espaces verts en milieu urbain est estimée à 5,6 Mds€ en 2023.