Les récents rapports des Nations Unies publiés le mercredi 28 août 2024 soulignent de manière percutante la crise imminente concernant les ressources mondiales en eau douce. Cette crise est caractérisée par une réduction inquiétante des ressources disponibles et une détérioration de leur qualité. L'objectif majeur du développement durable numéro 6, qui vise à garantir l'accès à l'eau et à l'assainissement pour tous d'ici 2030, semble de plus en plus hors de portée.
Changement climatique et responsabilité humaine
Une série d'indicateurs alarmans met en lumière les défis critiques auxquels le monde est confronté. La baisse significative du débit des fleuves et des rivières dans plus de 400 bassins-versants, touchant potentiellement 107 millions de personnes, met en évidence l'ampleur de la crise de l'eau. Le changement climatique, le défrichement des terres et le déboisement massif pour l'agriculture et l'urbanisation sont des facteurs majeurs contribuant à cette diminution du débit et à des pénuries d'eau préoccupantes.
Détérioration par des ouvrages hydrauliques
La construction croissante de barrages et de réservoirs dans des régions comme l'Asie du Sud-Est et la Chine, bien qu'apportant une certaine sécurité alimentaire, entraîne des conséquences néfastes sur les aquifères souterrains, la qualité de l'eau et la biodiversité des écosystèmes aquatiques. Ces ouvrages artificiels perturbent les écosystèmes naturels des rivières et des lacs, tout en concentrant des nutriments nocifs issus de l'agriculture, aggravant ainsi la pollution de l'eau.
Dégradation de la qualité des eaux et atteintes à la biodiversité
La dégradation des cours d'eau et des plans d'eau à l'échelle mondiale, avec des niveaux inquiétants de turbidité et d'eutrophisation, menace des centaines de millions de personnes ainsi que la biodiversité qui dépend de ces écosystèmes. Les lacs, sources principales d'eau de surface non gelée, sont confrontés à un déclin général, aggravé par des niveaux élevés de polluants provenant des activités humaines, telles que l'agriculture intensive et les émissions urbaines et industrielles. Il est essentiel de souligner l'importance cruciale des écosystèmes aquatiques, notamment des mangroves, dans la filtration des contaminants et le stockage du carbone. La diminution continue de ces écosystèmes, notamment en Asie du Sud, nécessite une action urgente en vue de leur préservation.
Diminution des financements en faveur des milieux aquatiques
Malgré les engagements croissants en faveur de la protection des écosystèmes aquatiques, les rapports soulignent une diminution des dépenses effectives dans ce domaine. Il est crucial que les décideurs prennent pleinement conscience des conséquences de la dégradation des ressources en eau douce et reconnaissent la valeur inestimable des biens et services dérivés de ces écosystèmes pour l'humanité. Selon l’ONU, le moyen de traverser cette crise exige des efforts collaboratifs à l'échelle mondiale afin de garantir un accès équitable à l'eau et de préserver cette ressource essentielle pour la survie de la planète.
Quelques chiffres sur les indicateurs de l'ODD 6 6.1.1. EAU POTABLE : 2,2 milliards de personnes (près d'une personne sur quatre dans le monde) ne disposent pas d'eau potable gérée en toute sécurité en 2022. 6.2.1a ASSAINISSEMENT : 3,5 milliards de personnes ne disposent pas de services d'assainissement gérés en toute sécurité et 419 millions de personnes pratiquent la défécation à l'air libre en 2022 (43 % de la population mondiale). 6.2.1b HYGIÈNE : en 2022, 2 milliards de personnes ne disposent pas d'une installation de base pour le lavage des mains avec du savon et de l'eau à domicile (25 % de la population mondiale). 6.3.1. EAUX USÉES : 27 % seulement des eaux usées industrielles sont traitées en toute sécurité (sur la base de données limitées provenant de 22 pays). 42 % des eaux usées domestiques ne sont pas traitées en toute sécurité. 6.3.2 QUALITÉ DE L'EAU : 56 % des masses d'eau surveillées dans 120 pays ont été classées comme ayant une « bonne qualité ». D'ici 2030, la santé et les moyens de subsistance de 4,8 milliards de personnes pourraient être menacés si la surveillance actuelle de la qualité de l'eau n'est pas améliorée. 6.4.1 EFFICACITÉ DE L'UTILISATION DE L'EAU : entre 2015 et 2021, l'efficacité de l'utilisation de l'eau a augmenté de 19,3 % au niveau mondial. Environ 58 % des pays présentent encore une faible efficacité d'utilisation de l'eau, avec moins de 20 USD de valeur ajoutée pour chaque m3 d'eau utilisé par l'ensemble des activités économiques au fil du temps. 6.4.2 STRESS HYDRIQUE : environ 10 % de la population mondiale vit dans des pays présentant des niveaux de stress hydrique élevés et critiques en 2021. 6.5.1 GESTION INTÉGRÉE DES RESSOURCES EN EAU : le monde ne parviendra pas à une gestion durable de l'eau avant 2049. 40 % des pays sont laissés pour compte, leur capacité à équilibrer les demandes concurrentes entre les secteurs et à faire face aux pressions croissantes étant limitée. 6.5.2 COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE : seuls 43 des 153 États membres des Nations unies partageant des eaux transfrontalières disposent d'accords opérationnels couvrant 90 % ou plus de leurs rivières, lacs et aquifères communs. Au moins 20 pays ne disposent d'aucun dispositif de partage des eaux transfrontalières. 6.6.1 ÉCOSYSTÈMES : dans plus de 90 pays sur 185, un ou plusieurs types d'écosystèmes liés à l'eau sont en voie de dégradation. Le débit des rivières a considérablement diminué dans 402 bassins fluviaux dans le monde, où vivent environ 107,5 millions de personnes. 6.a.1 COOPÉRATION INTERNATIONALE : les versements d'aide au secteur de l'eau ont diminué de 5 % entre 2015 et 2022. Un tiers des pays ont indiqué que les fonds des donateurs sont mal alignés sur les plans nationaux du secteur de l'eau, en grande majorité dans les pays à faible revenu. 6.b.1 PARTICIPATION : moins d'un tiers des 106 pays ayant répondu à l'enquête ont indiqué que les communautés locales participaient largement à la prise de décision dans le domaine de l'eau et de l'assainissement. |