Alors que les premiers rapports de durabilité des grandes entreprises cotées (déjà soumises à la NFRD) sont attendus pour 2025, tout ne serait pas encore clair comme de l'eau de roche... C'est l'une des conclusions du baromètre dévoilé lors du salon ProDurable, à la suite de l'analysé de 208 réponses de représentants d'entreprises (questionnaire en ligne). Près d'un quart des entreprises répondantes se prêtera à l'exercice du reporting de durabilité dès 2025, tandis qu'un tiers se prépare déjà à l'échéance de 2026.
A 46%, les répondants déclarent avoir « des doutes sur le fond et la forme du rapport » CSRD. Exemple : plus d'un tiers des répondants ne sait pas où se trouvent les données à publier. Leurs doutes ne portent pas uniquement sur les données à collecter (59 % des répondants). Ils sont nombreux, également, à ne pas avoir de certitude sur le budget à mobiliser (43%). Sur ce point, seul un bon tiers des répondants déclare avoir un budget « dédié à la mise en œuvre de la CSRD » (37%). Ce sont majoritairement les directions RSE (à 46%) et DAF (à 25%) qui pilotent le projet CSRD.
La tâche est conséquente. 42% des répondants déclarent avoir entre 500 et 700 data points à publier dans leurs rapports de gestion. Quand 30% en ont entre 251 et 500 à présenter. Moins de 10 % estiment à moins de 100, le nombre de data points à divulguer. Notons toutefois que ce sont majoritairement les représentants d'ETI (72 % du panel) et de grandes entreprises (18%) qui ont répondu au questionnaire en ligne. Des entreprises qui généralement se conforment à d'autres cadres mondiaux en plus des normes ESRS (89% des répondants).
Où en sont les entreprises ?
Un quart des entreprises a réalisé son analyse de matérialité et la majorité des entreprises est en train de s'y prêter ou projette de le faire sur l'année (46 % des répondants). Donnée alarmante toutefois : près d'un quart des entreprises soumises sur l'exercice fiscal 2024 (publication du rapport en 2025) « déclare ne pas l'avoir encore planifié » !
Une large majorité des répondants se fait aider par un prestataire extérieur à l'entreprise pour mener à bien cette analyse. Plus d'un tiers des répondants indiquent même avoir externalisé totalement leurs travaux de double matérialité. Le recours à un accompagnement externe, via du conseil, est une réalité pour plus des deux tiers des répondants (61 %) et 30% s'équipent de logiciels.
Sans surprise, les ESRS matériels pour les entreprises sont :
- E1 : changement climatique (98 % des répondants) ;
- S1 : personnel de l'entreprise (91%) ;
- G1 : conduite des affaires (79%) ;
- E5 : économie circulaire (79%) ;
- S4 : consommateurs et utilisateurs finaux (77%).
Un peu plus d'un tiers seulement des répondants estimerait devoir publier des informations conformément à l'ESRS S3 sur les communautés affectées.
Qui va auditer les états de durabilité ?
La moitié des répondants souhaite confier cette mission au même commissaire aux comptes que celui en charge de l'information financière. Seuls 14 % déclarent vouloir recourir à un organisme tiers indépendant. Cependant, ces résultats sont à relativiser, un tiers des répondants ne se prononçant pas encore concrètement sur ce sujet.
La CSRD, un exercice globalement positif ?
La CSRD serait surtout synonyme de mobilisation des ressources internes de l'entreprise (73 % des répondants). Une majorité des répondants associe aussi cette nouvelle exigence réglementaire à un meilleur pilotage de la performance de l'entreprise (58%), à une transition vers un modèle d'affaire plus résilient (57 % des répondants) ou encore à une meilleure attractivité de l'entreprise vis-à-vis de ses clients, de ses acteurs financiers ou de ses futurs talents (56%).
Mais un quart des répondants y voit, tout de même, une charge « supplémentaire, chronophage et sans réelle valeur ajoutée ».