Dans un rapport publié le 25 juillet (en anglais), l’Organisation internationale du travail (OIT) alerte sur le nombre « alarmant » de travailleurs souffrant des conséquences d’une chaleur excessive dans le monde. Selon les auteurs du rapport, 231 millions de travailleurs ont été exposés aux vagues de chaleur en 2020, soit une augmentation de 66 % par rapport à 2000. 4 200 travailleurs dans le monde sont morts à cause des vagues de chaleur en 2020. 9 travailleurs sur 10 dans le monde ont été exposés à une chaleur excessive (hors vague de chaleur). Et 8 accidents du travail sur 10 dus à une chaleur extrême se sont produits en dehors des périodes de vagues de chaleur (ou canicule).
Analysant la législation nationale visant à lutter contre le stress thermique dans 21 pays à travers le monde, les auteurs déplorent que les mesures de protection de sécurité et de santé au travail en la matière aient « du mal à suivre ». « Bien que des dispositions soient prévues dans la législation nationale pour protéger les travailleurs contre la chaleur excessive, dans la plupart des cas, elles sont de nature générale et ne répondent pas de manière adéquate aux dangers croissants liés au changement climatique auxquels de nombreux travailleurs sont confrontés quotidiennement », rendent-ils compte.
Entre 2000 et 2020, la proportion de travailleurs exposés au stress thermique* en Europe et en Asie centrale a enregistré la plus forte augmentation dans le monde (+ 17,3 %, soit près du double de l'augmentation moyenne mondiale de + 8,8 % sur la période). Ces régions ont également connu une forte augmentation de la proportion d'accidents du travail liés à la chaleur depuis 2000, avec une hausse de 16,4 %. Les Amériques enregistrent la plus forte hausse des accidents du travail dus au stress thermique depuis l'an 2000 (+ 33 %) en raison « peut-être à des températures plus élevées dans des régions où les travailleurs ne sont pas habitués à la chaleur », supputent les auteurs.
En Afrique, le stress thermique sur le lieu de travail affecte 92,9 % de la main d’oeuvre.
Les auteurs précisent qu’une température corporelle au-dessus de 38 °C altère les fonctions physiques et cognitives et qu’une température corporelle au-dessus de 40,6 °C augmente fortement le risque de lésions organiques, de perte de conscience et de décès.
* L’OIT définit le stress thermique au travail comme étant « l'état dans lequel l'excès de chaleur est stocké dans le corps d'un travailleur et qui, s'il n'est pas libéré dans l'environnement, augmentera la température corporelle, entraînant des risques pour la santé et une réduction de la productivité ». Le stress thermique est associé à « divers effets néfastes sur la santé sur le lieu de travail, notamment la syncope due à la chaleur, l'épuisement dû à la chaleur et le coup de chaleur ».