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14 mars 2024
Et pour autant, elle n'est pas préparée à faire face à l'augmentation rapide des risques climatiques, selon la dernière évaluation de l'Agence européenne pour l'environnement (AEE).

L’AEE a publié le premier rapport European Climate Risk Assessment visant à soutenir l’identification des priorités politiques liées à l’adaptation au changement climatique et aux secteurs sensibles au climat.

L'étude recense 36 risques climatiques susceptibles d'avoir des conséquences graves en Europe, regroupés en cinq grands groupes : écosystèmes, alimentation, santé, infrastructures, économie et finance. 

Un accroissement rapide des risques et de multiples vulnérablités

Selon l'évaluation, l'Europe est le continent qui se réchauffe le plus rapidement au monde. Les chaleurs extrêmes sont de plus en plus fréquentes, les précipitations de plus en plus fortes, et des inondations catastrophiques ont eu lieu ces dernières années dans différentes régions.

Le sud de l'Europe est particulièrement exposé aux impacts croissants de la chaleur et des sécheresses sur la production agricole, les travaux en extérieur ou encore le tourisme estival. 

Les régions côtières de basse altitude, y compris de nombreuses villes densément peuplées, sont menacées d'inondations, d'érosion et d'intrusion d'eau salée, aggravées par l'élévation du niveau de la mer.

Les économies régionales et locales qui dépendent du tourisme, de l'agriculture, de la pêche et de la foresterie sont particulièrement sensibles aux changements climatiques. Les Alpes et d'autres régions montagneuses, les régions côtières et les îles de la Méditerranée, ainsi que de grandes régions du nord de l'Europe sont concernées.

En outre, les zones urbaines densément peuplées sont particulièrement exposées aux vagues de chaleur et aux précipitations extrêmes. L’effet d' « îlot de chaleur urbain »  peut amplifier les effets des vagues de chaleur, notamment la nuit. L'étude rappelle également que l'imperméabilisation élevée des sols et le nombre limité d'espaces verts et bleus en ville augmentent le risque d'inondation.

La nécessité d'actions urgentes et immédiates

L'étude identifie la chaleur comme le principal risque climatique pour la santé, particulièrement pour les populations vulnérables comme les travailleurs exposés et les personnes âgées. "De nombreux moyens permettant de réduire les risques climatiques pour la santé sortent du cadre des politiques de santé traditionnelles, avec notamment l’urbanisme, les normes de construction et le droit du travail", selon l'Agence.

Concernant les infrastructures, l'étude alerte aussi sur les impacts croissants, notamment dans les secteurs de l'énergie, de l'eau et des transports. Les immeubles d’habitation doivent également être adaptés à la chaleur toujours plus intense.

Les risques climatiques impactent également l'économie et les finances : concrètement, les phénomènes extrêmes peuvent augmenter les primes d’assurance, menacer les actifs et les prêts hypothécaires, ou encore accroître les dépenses publiques et le coût des crédits. "La viabilité du Fonds de solidarité de l’UE se trouve déjà gravement menacée à la suite des inondations et incendies coûteux survenus ces dernières années", rappelle au passage l'AEE.

Pour l’Agence, l’UE et ses États membres doivent travailler de concert et impliquer les niveaux locaux si nécessaire. Et si la plupart des politiques et actions visant à renforcer la résilience de l'Europe face au changement climatique sont conçues pour le long terme, pour l'Agence, il est urgent d’agir dès maintenant "pour éviter des choix rigides qui ne sont pas adaptés à l’avenir dans un climat changeant, comme en matière d’aménagement du territoire et d’infrastructures à long terme".

Camille VINIT, Code permanent Environnement et nuisances