Après de nombreuses négociations et annonces, un accord intitulé « Le Consensus des Émirats arabes unis » a été trouvé par l’ensemble des 195 parties à l’issue de la COP28 de Dubaï.
Sortie « progressive » des énergies fossiles
En cohérence avec l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C, les parties se sont mises d’accord sur une sortie « progressive » des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cet accord est qualifié « d’inédit » car il mentionne, pour la première fois, les énergies fossiles.
Pour Simon Stiell, secrétaire exécutif d’ONU Climat, « ce résultat marque le début de la fin de l’ère des combustibles fossiles » et jette les bases d’une transition qui se veut « rapide, juste et équitable » en s’appuyant sur « de fortes réductions des émissions et un financement accru ». Sur cette problématique, la France s’est engagée, au cours de la COP, dans l’initiative « Coal Transition Accelerator » (accélérateur de la sortie du charbon).
Triplement des énergies renouvelables et doublement de l’efficacité énergétique d’ici 2030
L’objectif de triplement des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité, biomasse, etc.) dans le monde d’ici 2030 a également été inclus dans l’accord. Ainsi, les capacités mondiales en énergies renouvelables devraient passer de 3 400 GW aujourd’hui à 11 000 GW en 2030.
Dès le début de la COP28, 123 pays avaient signé un engagement pour le triplement de la capacité installée de production d’énergie à partir de sources renouvelables mais aussi pour le doublement du taux annuel d’efficacité énergétique durant cette décennie.
Reconnaissance de la solution du nucléaire
Autre mesure actée, le texte ayant fait consensus reconnaît l’énergie nucléaire comme solution de décarbonation et de lutte contre le changement climatique. Il appelle à « accélérer » le développement du nucléaire en tant que source d’électricité bas carbone.
Une déclaration commune d’environ 20 pays allait dans cette direction et même plus loin puisqu’elle proposait de tripler les capacités d’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050 par rapport à 2020.
700 M$ pour le fonds « pertes et préjudices »
Par ailleurs, les parties ont adopté, et cela dès le premier jour de la COP28, un fonds « pertes et préjudices ». Plus de 700 M$ de contributions ont déjà été totalisées et permettront aux pays les plus vulnérables de reconstruire après des catastrophes climatiques.
Un secrétariat du fonds « pertes et préjudices » sera hébergé par le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophe et le Bureau des services de projet des Nations unies du réseau de Santiago.
Des objectifs pour l’Objectif mondial d’adaptation (OMA) ont été définis. Ils déterminent la position dans laquelle le monde doit parvenir pour être résilient face aux impacts du changement climatique.
Engagements financiers insuffisants
En matière de financement de la lutte contre les changements climatiques :
- six pays se sont engagés à verser de nouveaux fonds pour le Fonds vert pour le climat (FVC) permettant d’atteindre un total de promesses qui s’élève à 12,8 Md$ ;
- huit pays ont annoncé de nouveaux engagements en faveur du Fonds pour les pays les moins avancés, du Fonds spécial sur les changements climatiques et du Fonds d’adaptation pour un total de 174 M$.
Malheureusement, ces nouveaux engagements financiers restent insuffisants par rapport aux milliards qui seraient nécessaires au soutien des pays en développement sur les domaines du changement climatique, des énergies propres, des mesures d’adaptation, etc.
Enfin, l’accord de cette COP28 fait référence à la justice climatique, la solidarité avec les pays africains mais aussi les petites îles étant jugée essentielle.
Réduction impérative des émissions de GES de 43 % d’ici 2030
Cette 28ème édition a été la plus grande en termes de participation avec plus de 85 000 personnes réunies. Elle aura permis de réaliser le premier bilan mondial de l’Accord de Paris de la COP21. Il en ressort que le monde n’est, actuellement, pas sur la bonne voie pour respecter ses engagements.
Parmi les grandes lignes de l’accord, il est notifié que les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) doivent impérativement être réduites de 43 % d’ici 2030, comparativement aux niveaux de 2019, si les instances veulent espérer limiter le réchauffement planétaire à +1,5 °C.
D’ici à 2025 et la COP30, les parties sont invitées à « présenter des objectifs ambitieux de réduction des émissions à l’échelle de l’économie, couvrant tous les GES, tous les secteurs et toutes les catégories », dans leurs plans d’actions sur le climat (NDC - Nationally determined contribution).
La COP29 se déroulera du 11 au 22 novembre 2024 en Azerbaïdjan alors que le Brésil a été choisi pour accueillir la COP30 du 10 au 21 novembre 2025.